• A.A… AÏE !

     

    Terrible ? Grave ? Important à ne pas en douter, mais l’énorme buzz produit par la décision de S&P est avant tout dû à la dramatisation du problème, née des paroles fréquentes du Président de la République sur le sujet, qui volontairement, manœuvre politique qui se retourne aujourd’hui contre lui, a fait focaliser l’attention de tout le monde, et en particulier des médias, sur la note AAA.

    Avantage, toutefois, de l’annonce officielle de S&P : tout un chacun, au premier rang desquels les politiques, est obligé d’intégrer ce que les marchés financiers ont pris en compte depuis déjà quelques mois :nos problèmes de financement de l’économie et en particulier de refinancement de notre forte dette vont continuer à s’aggraver dans les mois (les années ?) à venir et aucun programme politique généreux ou déjà « raccourci » n’en sortira indemne.

    Ce n’est pas la mort, mais une sérieuse cure d’amaigrissement permettant de revenir à une gestion saine de l’économie et, tout aussi important, de disposer d’une marge de manœuvre indépendante pour conduire le pays vers des horizons plus riants.

    Cela passera sans doute, avant tout, pas une révision sans complaisance de tant de cadeaux fiscaux qui ont fortement affaibli pendant cette mandature les finances du pays. Les exemples les plus criants : l’absurde baisse de la TVA de la restauration, la défiscalisation des heures supplémentaires (quelque 4 milliards d’euros), non seulement couteuse, mais aussi destructrice d’emploi, et bon nombre d’autres, comme la mal connue « niche Copé » qui a ampute les rentrées fiscales de quelques 22 milliards d’euros entre 2007 et 2009, derniers chiffres connus.

    Ces « trous » dans les rentrées fiscales auraient pu être corrigés depuis fort longtemps déjà, eu égard aux intérêts du pays, car la situation que nous vivons aujourd’hui se profilait depuis longtemps.

    C’est l’aveuglement devant le développement de la crise, joint au dogmatisme de la période, qui ont conduit le Président à ne pas réviser sa politique fiscale dangereuse pour le pays malgré les nombreuses alertes. Pourtant, élu de mai 2007, il ne pouvait pas ou n’aurait pas dû, ne pas prêter plus d’attention à la crise qui se développait : la menace des « subprimes » aux Etats Unis a commencé à prendre corps en février 2007, avant même son élection ; la première grosse faillite de deux fonds spéculatifs liés à la banque Bear Stearns date de juin 2007 ; les difficultés de la banque anglaise Northern Rock liées aux subprimes datent de septembre 2007, faisant ouvertement état de la « contamination » de la banque mondiale par les crédits pourris américains. Northern Rock sera nationalisée par le gouvernement anglais en février 2008 pour éviter son effondrement ; en septembre 2008 la faillite de la banque Lehman Brothers donne un pharamineux coup d’accélérateur à la crise, qui affecte le monde entier.

    Mais malgré tous ces avertissements, le Président de la République se refuse à modifier sa politique de faveurs fiscales. En compensation il continue à tailler sur les emplois, par exemple dans l’éducation…

    Mais corriger la dérive des niches fiscales ne serait qu’un petit pas s’il n’était pas suivi très vite d’une restructuration profonde de notre fiscalité, en premier lieu pour mieux distribuer l’effort en fonction des moyens de chacun.

    De même concernant les moyens financiers, dont fiscaux, des communes, régions, départements, assurant une part essentielle de la solidarité nationale et de la préparation de l’avenir, structures fondamentales de la vie citoyenne qui aujourd’hui plient sous les charges transférées par l’Etat sans être accompagnées d’un transfert équivalent de moyens.

    L’avenir immédiat et à moyen terme, après ce vendredi 13 ne s’annonce pas simple. Mais chacun est inéluctablement rappelé à sa part de responsabilité : ceux qui ont conduit le pays pendant cette mandature, par leur incapacité à prendre à temps les mesures adéquates pour conforter la sécurité économique du pays (les « leçons de bonne gestion» données maintenant sont un peu tardives pour être crédibles).

    Ceux qui veulent assumer la charge par la suite par l’obligation de parler clairement, de ne pas céder à des sirènes, de s’attaquer sans délai à restaurer les brèches à la justice, à l’égalité des citoyens, à l’économie ; de défendre le juste équilibre de l’effort à faire parmi toutes les composantes nationales. De rénover le chemin de la construction européenne vers plus d’intégration, sans doute la seule véritable voie de salut future et vers plus de démocratie réelle dans sa gouvernance, sa gestion et son fonctionnement.

       

     


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