• Selon une dépêche d’agence, « Arcelor-Mittal va investir, à la demande de l'Etat français, 17 millions d'euros à Florange (Moselle)" a annoncé le président-candidat UMP Nicolas Sarkozy

    Ce geste en apparence généreux d’Arcelor serait le résultat d’une réunion de MM Sarkozy et Mittal, à la demande du Président-candidat, qui a ajouté lors de son interview sur France Inter : "Tout ça c'est du concret, il faut se battre pour obtenir ça"

    Du concret comme les Rafales vendus au Brésil ou tant d’autres contrats mirifiques annoncés à la suite de « conversations » qui n’ont jamais vu le jour, jamais dépassé le stade de « conversations » justement.

    Mais admettons. En fin de compte, c’est le rôle d’un Président en exercice, dans un moment de crise, de « se battre pour obtenir ça" Il n’y a pas de quoi pavoiser de faire, en fin de compte, son boulot.

    Ce qui est dommage c’est qu’il lui ait fallu QUATRE ANS, soit les 4/5 de sa mandature pour parler avec M Mittal et tenter de parvenir à du concret ; l’affaire de Gandrange, qui a tant fait pour assoir son manque de crédibilité, datant de janvier 2008 !

    Ce qui est également dommage est que l’entreprise, dans sa version de la fameuse réunion, ne soit pas aussi affirmative sur ce « concret » Toujours selon les dépêches d’agence,   « M. Mittal a réaffirmé au Président de la République son engagement d’investir…. dans la perspective d'une reprise économique (ndlr : donc à condition que la situation économique soit meilleure...) »  Ce qui n’est qu’un concret très relatif, la probabilité de voir au deuxième semestre 2012 une « meilleure condition de la situation économique » étant, au mieux, un vœu pieux.

    La possibilité de « contraindre » M. Mittal ou une autre entreprise privée à faire autre chose que ce qu’il considère son intérêt stratégique dans la ligne suivie par sa société, est dans notre cadre légal et politique actuel pratiquement nulle.

    Sauf et c’est travailler pour le futur, à s’attaquer précisément à ce cadre, notamment en visant des reprises comme celles d’Arcelor et aux moyens légaux de suivre dans le long terme l’évolution de ces opérations et se doter des contraintes permettant à l’Etat d’éviter des dérives contraires à l’intérêt du pays.

    Et il ne s’agit pas d’obtenir des « faveurs » dont rien, d’ailleurs ne garantit la durée (Pétroplus, Lejaby) mais de fixer dès le départ des règles claires de reprise dans le cadre d’un projet industriel global cohérent.

    Dans ce même sens, l’économiste Christian Saint-Etienne (qu’on ne peut vraiment pas considérer comme un gauchiste farouche !), propose de « recréer un commissariat au secteur productif pour redonner à l’Etat une vision stratégique à long terme »

    C’est particulièrement important face à des entreprises dont l’intérêt à reprendre d’autres est dû essentiellement à la possibilité de mettre la main, si possible à bas prix, sur des technologies qu’elles ne possèdent pas. Et une fois la technologie acquise et transférée, éviter qu’un possible concurrent puisse, lui aussi, en bénéficier. (Donc, plutôt arrêter l’activité ou fermer que céder).

    Il est évident qu’un tel moyen de prévision doit comporter impérativement un volet formation et qualification du personnel qui prépare les évolutions technologiques plutôt que d’agir en catastrophe « après coup »

    Mais ce n’est pas simple et cela ne se prête pas au petit jeu des promesses électorales sans garantie et sans avenir.

    Pour l’heure, donc, malheureusement pour les travailleurs Mosellans, des paroles sans grande portée sur l’emploi, sa protection, sa reconversion, sa durée. Autrement dit, beaucoup de bruit pour pas grand-chose.

     


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